Ca sent la fin, ça sent la fin
Cela fait longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles, et je reçois un certain nombre de mails de lecteurs qui s’inquiètent. Pas d’inquiétudes à avoir, pourtant. Disons juste que les deux dernières semaines ont été bien occupées, et que je passe beaucoup moins de temps derrière mon écran depuis que le soleil a enfin décidé de se montrer dans toute sa splendeur.
Je viens de passer ma quatorzième séance de chimio, et même les infirmières sont étonnées de me voir encore là. J’ai eu apparemment droit à un traitement de faveur, avec cette longue chimio, gâté par mes médecins. Il semble que les protocoles sont en général moins longs… Ceci dit, vu que j’échappe à la radiothérapie, je me dis que je n’ai peut-être pas perdu au change.
Tout est entrain de se terminer. Le médecin que j’ai vu lors de la dernière séance (qui n’est pas mon hémato habituel) m’a encore une fois parlé du dernier scanner, en précisant un fois de plus que dans mon cas, l’affaire était pliée. On m’a enlevé l’un des produits, sur mon insistance. Pour les connaisseurs, la bléomycine (désolé pour l’orthographe). Le produit qui, malheureusement, détériore les capacités respiratoires. Mais aussi et surtout celui qui nécessite la prise de l’atarax (toujours pour les connaisseurs). Ce médicament, s’il est pour moi d’abord un anti-allergique, est aussi accessoirement un anxiolytique. A l’effet dévastateur dans mon cas. Mon petit Hiroshima à moi. KO pendant toute la chimio, c’est à peine si je capte les infirmières qui viennent me changer ma petite poche de cocktail. Captais. Car depuis la dernière, je ne prends plus cette bombe. Eh bien je dois dire que c’est une délivrance.
Mais tout n’est pas si rose. Depuis quelques temps, je suis épuisé moralement. L’impression d’être submergé à chaque fois que je dois effectuer un travail ou organiser la moindre petite chose. Cette petite chose prend alors des dimensions himalayennes à mes yeux, et j’ai l’impression de que je ne vais pas y arriver. Organiser un week-end ou la semaine qui suit, une rencontre entre amis, etc… Chaque petite décision prend des proportions importantes dans mon esprit. Elle tourne et retourne dans ma tête et je ne trouve pas de solution. Comme si la force dont j’ai besoin pour exercer ma capacité de décision était partie entièrement dans le combat des sept derniers mois.
Le week-end dernier, je l’ai passé à Paris. C’est-à-dire loin de mon environnement habituel, l’hôpital et la maladie, l’école et les études, et je dois avouer que ça a été un moment où j’ai eu l’impression de pouvoir enfin respirer pour la première fois depuis longtemps (je sais, respirer à Paris un week-end de canicule, ça peut paraître bizarre…) Mouais… Je crois que j’ai besoin de vacances, moi… Malheureusement ce ne sera pas pour tout de suite…