A ceux qui affrontent leurs souffrances droit dans les yeux et la tête haute...
T’es beau,
T’es beau parce que t’es courageux,
De regarder dans le fond des yeux,
Celui qui te défie d’être heureux.
T’es beau,
T’es beau comme un cri silencieux,
Vaillant comme un métal précieux,
Qui se bat pour guérir de ses bleus.
C’est comme une rengaine,
Quelques notes en peine,
Qui forcent mon cœur,
Qui forcent ma joie,
Quand je pense a toi,
A présent.
J’ai beau,
J’ai beau me dire qu’au fond c’est mieux,
Même si c’est encore douloureux,
Je n’ai pas de recoin silencieux.
C’est beau,
C’est beau parce que c’est orageux,
Avec ce temps je connais peu,
Les mots qui traînent au coin de mes yeux.
C’est comme une rengaine,
Quelques notes en peine,
Qui forcent mon cœur,
Qui forcent ma joie
Quand je pense à toi,
Toi qui sors de scène,
Sans armes et sans haine,
J’ai peur d’oublier,
J’ai peur d’accepter,
J’ai peur des vivants,
A présent.
T’es beau…
Babas, J’ai choisi cette chanson de Pauline Croze (si vous pouvez vous procurrer la mélodie, elle est très agréable) aujourd’hui en pensant notamment à toi. Depuis que tu commentes le blog, tu nous as montré une belle rage de vaincre ton fléau. Tu le fais avec dignité, et je pense que tu donne beaucoup de punch à tous les malades qui aimeraient se laisser aller et baisser les bras. Tout d’abord, je comprends tout à fait le fait que tu aies voulu brouiller les pistes pour garder l’anonymat. Ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas de savoir si tu habite à La-Cluse-et-Mijoux ou Nogent-Le-Bretoneux. Non, ici, ce qui nous intéresse, c’est ton expérience, expérience de la maladie, tu traitement, de la greffe , de la chambre stérile. Ce sont tes états d’âmes. Ce sont tes sentiments. Beaucoup de gens lisent ce blog et les commentaires, certains m’envoient des mail car ils n’osent pas commenter directement, et me disent : « Pascal, ce que tu as décris, ce que d’autres ont décrit, c’est exactement ce que je ressens. Et grâce à tout cela, je me sens moins seul. » Tu as une expérience très riche, et je te remercie vraiment de nous la faire partager. Ensuite, j’aimerais revenir sur quelque chose en particulier : tu as dit « j’ai causé beaucoup de tracas à beaucoup de monde. » Comme je te comprends. C’est vrai, on n’a pas choisi la maladie, et pourtant, on se porte comme responsable de ce qui nous arrive et donc de ce qui arrive à nos proches. Personnellement, je n’ai pas de remède miracle. J’ai plutôt l’impression que c’est un passage obligé, et que ton entourage sera de toutes façons entraîné dans la galère. Maintenant, j’aimerais revenir sur l’essentiel de ton message. Ta chérie a été profondément blessée par le fait que tu préfères te confier au travers de commentaires sur ce blog plutôt que directement à elle. J’ai vécu, je vis, plus ou moins le même soucis. Lorsque j’ai dit à ma copine que je rédigeais quasi-quotidiennement un blog sur ma maladie, elle m’en a beaucoup voulu. « J’ai l’impression d’être mise à l’écart. Tu racontes ce que tu éprouves, tes sentiments, états d’âme, à des centaines d’internautes alors que moi, tu ne me racontes pas grand chose. » De la voir en larme à cause de cela m’a beaucoup ébranlé, et je n’étais même pas sûr d’avoir envie de continuer l’expérience du blog. Ce n’était pas dans un soucis de protection, la preuve, c’est que je lui ai parlé assez rapidement du blog, et même si je ne lui ai pas donné l’adresse, il suffit de taper cancer sur google pour me trouver en première ou deuxième page. C’était bien plus parce que mettre des mots sur ce que l’on éprouve est très difficile, et encore plus face à un proche. Sinon, les psy n’existeraient pas, et les problèmes relationnels non plus : si c’était si facile de parler de ses soucis à son partenaire, ses parents, etc, au moindre soucis, il suffirait de parler clairement et le problème serait réglé. Maintenant, je crois qu’elle a compris ma démarche, et si elle refuse toujours de lire ce que j’y écris, elle comprends que ce soit devenu un besoin pour moi. Le fait de se donner sur le net, donc, n’est pas une mise sur le carreau de ses proches, mais simplement le moyen de parler, parler, et encore parler comme on parlerait à un psy, à quelqu’un de neutre, voire d’anonyme. J’ai noté dans ton message quelque chose de très intéressant. Ta copine s’est confiée à ta mère. Elle lui a dit que lorsqu’on avait annoncé ta maladie, sa vie s’était écroulée. Ce n’est pas anodin. Et pourtant, ce n’est pas à toi qu’elle l’a confié. Et ce n’est pas ensuite par elle que tu l’as appris. Elle-même a eu besoin de se confier sur ce qu’elle éprouvait par rapport à ta maladie, mais ne l’a pas fait à toi. Eh bien je crois que dans l’autre sens, c’est la même chose. J’ai appris il y a seulement quelques jours que ma grande sœur avait beaucoup pleuré dans les premières semaines après l’annonce de mon cancer. Devrais-je lui en vouloir, de ne pas m’avoir dit qu’elle souffrait ? Non, pas du tout. Parce que dire cela en face « regarde Pascal, je souffre, aide-moi » ce n’est pas facile, peut-être même impossible. Alors qu’en parler à quelqu’un de neutre, son fiancé par exemple, lui a sûrement fait énormément de bien. Rien n’est cassé ente vous Babas, au contraire, je pense qu’un abcès vient de se crever. Cet évènement est le bâton de dynamite qui a fait sauter vos barrages respectifs, là ou vous reteniez tous vos état d’âme par peur de les montrer à l’autre. Maintenant, le flot va s’écouler et vous allez en sortir encore plus solides. Pascal