Chez soi à l'hosto...
Au sortir de ma treizième chimio, je me dis que je n’ai jamais parlé de la chambre d’hôpital… J’y pensais justement mardi, pendu à ma potence, regardant le goutte-à-goutte ploc-ploc-ploquant (ploc-ploc-ploquer, verbe du premier groupe, fait de produire le son « ploc-ploc-ploc », Petit Robert 2010.)
La chambre d’hôpital, ce n’est pas un lieu anodin. Pour quelques heures, quelques jours, parfois quelques semaines, cet espace va devenir votre espace. Un espace dans lequel il est bien sûr important de se sentir à l’aise (enfin autant que possible) et en confiance.
La chambre doit être fonctionnelle. Lorsque vous arrivez, pas de soucis pour prendre un pull dans le sac, chercher un bouquin sur une table éloignée, attraper les chaussons sous le lit. Mais après quelques heures de chimio, c’est une autre affaire ! Rien de plus désagréable que d’avoir les savates d’un côté du lit et la potence et sa guirlande de perfusions de l’autre lorsqu’il s’agit d’aller vomir. D’ailleurs à ce propos, n’oubliez pas les claquettes, chaussons, ou autres chaussures sans lacets lorsque vous séjournez à l’hosto. C’est bien plus pratique que de fourbes lacets !
Donc lorsque vous arrivez, première étape, l’organisation fonctionnelle. Le baladeur mp3, le bouquin ou la revue, un stylo (oui, on a toujours besoin d’un stylo !) sur la table roulante, à portée de main. Un pull à proximité de l’oreiller (s’il fait toujours trop chaud quand on arrive dans une chambre d’hosto, après une chimio, on est souvent parcouru de frissons et on a froid.) Si vous êtes du genre vomisseur, se ménager un chemin dégagé jusqu’aux toilettes, sans chaise ou pieds de table intempestifs, sera un gage de réussite dans votre course à la lunette. L’accident de potence est si vite arrivé… Tiens à ce propos, si vous en avez pour plusieurs jours, vérifiez un coup votre potence. Une potence qui roule de travers, on n’y fait pas attention au début, mais au bout de trois jours… Elle a de quoi taper sur le système !
Mais cette organisation fonctionnelle est, à mon sens, insuffisante. J’ai appris une chose depuis 7 mois que je subis ce foutu traitement, c’est que le bien-être est primordial pour affronter les galères avec succès. Si votre perfusion d’ovomaltine destructrice de crabes envahisseurs, est l’élément fondamental de votre guérison, celle-ci se fera vraiment dans la douleur (morale) si vous ne vous sentez pas à l’aise. Alors, bien-sûr comment se sentir à l’aise entre les quatre murs blafards d’une chambre d’hosto, déprimante à souhait ? En la personnalisant un peu bien-sûr ! Une photo sur votre table de nuit de quelqu’un que vous aimez, ça ne fera rire personne, ou alors seulement les cons, et ça vous apportera beaucoup de réconfort. Cela peut aussi être simplement une image, une carte reproduisant une peinture qui vous touche particulièrement. Pour les amateurs de fleurs, celles-ci sont souvent interdites, mais quelques fleurs synthétiques apporteront un peu couleurs et ne feront grincer les dents que d’idiots puristes. Pour les parents, pourquoi ne pas demander à leur enfant un dessin de leur part ?
Pendant ma chimio, je suis extrêmement sensible aux odeurs. Disons que pratiquement toutes les odeurs me débectent. A tel point que lorsque je ne suis pas seul dans ma chambre, l’aide-soignante ou l’infirmière fait sortir mon acolyte lors de son repas… Une odeurs que je ne supporte plus, c’est cette odeur stérile, cette non-odeur même, des drap dans lesquels je dois m’allonger pour passer à la casserole. Or là aussi, c’est très simple. Une goutte d’un parfum que vous appréciez, celui de votre conjoint, le votre, d’une huile essentielle, sur l’oreiller, et le tour est joué. Pas compliqué, et cela peut faire beaucoup à mon avis… Ça me fait penser aux animaux qui marquent leur territoire grâce aux phéromones, votre chat par exemple qui se frotte à vous et vous marque comme « non-hostile... » Bon enfin ne faites pas comme lui pipi dans les coins de votre chambre quand même, hein ?
Comme d’habitude, je lance là simplement quelques idées, qui peuvent paraître évidentes mais auxquelles on ne pense pas nécessairement au début d’un traitement. Je reçois souvent des mails de personnes qui commencent, ou dont un proche commence un traitement, et j’espère que ces petits trucs peuvent les aider à se mettre plus facilement sur les rails…